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une mission internationale dans la lune

de Lang, Bojardo, Espronceda, Uberaba et Goffoël. L’Anglais Galston achevait de gravir l’échelle qui conduisait à la cabine de pilotage ; il devait s’installer à côté de Scherrebek pour le seconder au besoin. On avait allumé l’électricité, car, à la profondeur où le Selenit était immergé, aucune lumière ne parvenait aux hublots.

Madeleine promena son regard sur ses compagnons et les vit recueillis, un peu pâles. Elle-même, elle avait le cœur battant et elle s’appuya instinctivement contre l’épaule de René, qui était assis à côté d’elle. Le silence régnait ; chacun faisait mentalement ses adieux à la terre, en se disant qu’il ne reviendrait peut-être pas de ce prodigieux voyage dans la lune.

Une légère secousse se produisit. Scherrebek avait lâché les plombs. Le Selenit, allégé et entraîné vers la surface par une ceinture de flotteurs, qu’il devait abandonner en arrivant à l’air libre, se mit à monter avec une vitesse croissante. Pendant les premières secondes, l’accélération fut presque insensible, mais elle augmentait peu à peu ; les passagers avaient l’impression d’être dans un ascenseur qui démarre. Un grondement sourd annonça que le moteur était entré en action. À vrai dire, le bruit était peu appréciable, car il n’était transmis que par la charpente métallique à travers la triple coque isolante du Selenit.

Au bout de trente secondes environ, l’Espagnol Espronceda, qui regardait par un hublot, annonça en anglais :

We are out ! (Nous sommes sortis.)

On voyait en effet le jour briller à travers les vitres et l’on distinguait le bleu du ciel. Le Selenit planait dans l’atmosphère.

S’efforçant de réprimer le tremblement qui l’agitait, et de paraître parfaitement calme, Madeleine demanda :

— À quelle vitesse marchons-nous ?

— Cinquante à soixante mètres à la seconde, repartit Lang. Nous devons avoir atteint déjà la limite de l’accélération compatible avec la résistance de l’organisme humain.