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une mission internationale dans la lune

savants qui avaient conclu à la possibilité d’envoyer un projectile dans la lune, et cela dans des conditions telles que des hommes pussent s’y enfermer sans risquer d’être tués par les chocs, soit au départ, soit à l’arrivée ; il avait retenu en particulier l’idée de M. Esnault-Pelterie, qui a préconisé l’emploi d’un appareil propulsé par le recul d’une poudre fusante[1].

À vrai dire, Esnault-Pelterie a conclu que, dans l’état actuel de la science, la solution, théoriquement possible, du problème ne peut être réalisée dans la pratique. Il remarque que les explosifs modernes les plus puissants ne renferment pas, pour un poids donné, l’énergie nécessaire à la propulsion d’un véhicule destiné à accomplir le trajet de la terre à la lune.

Mais Elie Spruce n’acceptait pas sans réserve les conclusions du savant ingénieur, il faisait observer que ce dernier limite arbitrairement la consommation d’explosif, en admettant qu’un véhicule d’une tonne, par exemple, ne pourra brûler que trois cents kilogrammes de poudre, soit moins du tiers de son poids, car on doit, dit M. Esnault-Pelterie, consacrer au moins sept cents kilos à la construction d’un véhicule habitable.

Or, cette proportion est notoirement insuffisante pour obliger le projectile à quitter la terre.

Elie Spruce envisage le problème d’une autre façon. Il le pose ainsi :

Étant donné une masse d’explosif fusant capable de brûler dans son entier et constituée de telle sorte que l’énergie dégagée par sa déflagration la propulse verticalement en l’éloignant de la terre, à quel moment aura-t-elle acquis une vitesse suffisante pour échapper à l’attraction du globe et quelle sera à ce moment la proportion de la masse qui n’aura pas encore été brûlée ?

Il est évident que cette proportion pourra être remplacée par des matières incombustibles et ce seront ces

  1. Considérations sur les résultats de l’allégement indéfini des moteurs. — Journal de Physique, mars 1913. Voir aussi : L’Astronautique, 1930.