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une mission internationale dans la lune

abaisser le train de roues jusqu’à ce qu’il rencontre un point d’appui.

— Vous n’y songez pas ! exclama Bojardo. Une tranchée de cent mètres de long sur sept ou huit mètres de large. C’est un travail d’Hercule.

— Je crois pourtant, dit Scherrebek, que notre camarade Brifaut a raison. N’oublions pas que nous sommes, en effet, des hercules à la surface de la lune. L’effort à fournir ne sera guère plus grand que pour creuser sur la terre une tranchée de 15 mètres de long sur 3 ou 4 de large et autant de profondeur. Ce n’est pas une besogne au-dessus des forces de dix hommes vigoureux. Nous allons nous partager en deux équipes de cinq, qui se relèveront toutes les deux heures.

Une première équipe fut désignée et l’on se mit aussitôt à l’œuvre.

Bien n’était plus étrange que le spectacle des cinq scaphandriers qui s’affairaient autour du Selenit, sous la lumière bleutée de la terre. Dans ce paysage immobile, à côté du chaos des montagnes, les monstres de métal frappaient le sol à coups redoublés de leurs énormes pics et en arrachaient des blocs qui auraient pesé 100 kilos sur la terre. Ils les écartaient comme ils l’auraient fait de masses de liège ; quand ils en lançaient un loin d’eux, la pierre décrivait une courbe allongée et retombait mollement avec lenteur. Et tout cela était silencieux comme une vision cinématographique. C’est à peine si, parfois, une légère vibration, transmise par le sol et l’enveloppe métallique du scaphandre, révélait aux travailleurs que le son n’était pas absolument banni de la surface de la lune. S’il y avait une atmosphère (ce que les explorateurs, ayant d’autres préoccupations plus urgentes, ne s’étaient pas encore donné la peine de contrôler), elle avait une pression trop faible pour transmettre les bruits.

Comme Scherrebek l’avait prévu, le travail avançait très vite. Dès le quatrième changement d’équipe, c’est-à dire au bout de huit heures, le Selenit ne se maintenait, plus qu’en équilibre instable dans sa première position :