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une mission internationale dans la lune

inextricable, et il leur aurait manqué aussi le guide infaillible des longues nuits lunaires, toujours suspendu à la même hauteur pour chaque point de l’hémisphère qui lui fait face : la terre, que les ascensionnistes voyaient briller à son dernier quartier, presque exactement au sud, à 40° au-dessus de l’horizon. Avec un repère comme celui-là, impossible de se tromper de direction.

Une expérience faite avec une boussole posée à plat sur le sol n’avait pas donné de résultat pratique. Le champ magnétique semblait peu intense, son orientation restait douteuse. Heureusement, on le voit, l’aiguille aimantée, si précieuse sur notre globe, était superflue pour les explorateurs de la lune.

On distinguait fort bien à l’œil nu sur le disque bleu de la terre, les formes claires des continents et la surface sombre des mers ; par endroit s’étalaient de grandes taches brillantes et irrégulières ou disposées par bandes, parallèlement à l’équateur : c’étaient des nuages qui masquaient la surface, mais rendaient l’astre d’autant plus éclatant.

Liés les uns aux autres avec une corde, comme les alpinistes terrestres, munis d’alpenstocks et de piolets, Galston et ses quatre compagnons commencèrent à escalader le versant de la montagne. Dès les premiers pas, ils se rendirent compte que cette escalade serait un jeu pour eux, tant leur légèreté leur donnait d’agilité. Ils bondissaient de roc en roc comme de vrais chamois. Aussi ne tardèrent-ils pas à détacher la corde qui les unissait les uns aux autres et qui ne faisait que gêner leurs mouvements. Il ne leur fallut pas plus de huit heures, en comptant les haltes et les repos, pour effectuer une ascension qui leur aurait demandé au moins vingt-quatre heures dans les conditions terrestres, à travers une région aussi bouleversée.

Quand ils atteignirent le sommet, la grande plaine qui formait le centre du cirque leur apparut, à demi envahie par les ombres impénétrables que projetaient