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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/130

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que ces paroles et locutions sont figurées : c’est à dire, que l’Escriture a accoustumé d’appeler et de nommer les signes des Sacremens du nom de la chose signifiée, combien qu’ils ne peussent repliquer chose qui peust subsister pour prouver le contraire : si ne laissoyent-ils pas pour cela de demeurer opiniastres : tellement que sans savoir le moyen comment cela se faisoit, ils vouloyent neantmoins non seulement grossierement, plustost que spirituellement, manger la chair de Jesus Christ, mais qui pis estoit, à la maniere des sauvages nommez Ouëtacas, dont j’ay parlé ci-devant, ils la vouloyent mascher et avaler toute crue. Toutesfois Villegagnon faisant tousjours bonne mine, et protestant ne desirer rien plus que d’estre droitement enseigné, renvoya en France Chartier ministre, dans l’un des navires (lequel apres qu’il fut chargé de Bresil, et autres marchandises du pays, partit le quatrieme de Juin pour s’en revenir) à fin que sur ce different de la Cene il rapportast les opinions de nos docteurs : et nommément celle de maistre Jean Calvin, à l’advis duquel il disoit se vouloir du tout submettre. Et de fait je luy ay souventefois ouy dire et reiterer ce propos : Monsieur Calvin est l’un des savans personnages qui ait esté depuis les Apostres : et n’ay point leu de docteur qui à mon gré ait mieux ny plus purement exposé et traitté l’escriture saincte qu’il a fait. Aussi pour monstrer qu’il le reveroit, par la response qu’il fit aux lettres que nous luy portasmes, desja il luy manda non seulement bien au long de tout son estat en general, mais particulierement (ainsi que j’ay dit en la preface, et qui se verra encores à la fin de l’original de sa lettre en date du dernier de Mars mille cinq cens cinquante sept, laquelle est en bonne garde) il escrivit