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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/166

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frequenté par delà en quelques endroits Maria) sont mieux parées et attifées.

Premierement outre ce que j’ay dit au commencement de ce chapitre qu’elles vont ordinairement toutes nues aussi bien que les hommes, encor ont-elles cela de commun avec eux de s’arracher tant tout le poil qui croist sur elles, que les paupieres et sourcils des yeux. Vray est que pour l’esgard des cheveux, elles ne les ensuyvent pas : car au lieu qu’eux, ainsi que j’ay dit ci-dessus, les tondent sur le devant et rongnent sur le derriere, elles au contraire non seulement les laissent croistre et devenir longs, mais aussi (comme les femmes de par-deça) les peignent et lavent fort soigneusement : voire les troussent quelquesfois avec un cordon de cotton teint en rouge : toutesfois les laissans plus communément pendre sur leurs espaules, elles vont presques tousjours deschevelées.

Au surplus, elles different aussi en cela des hommes, qu’elles ne se font point fendre les levres ni les joues, et par consequent ne portent aucunes pierreries au visage : mais quant aux oreilles, à fin de s’y appliquer des pendans, elles se les font si outrageusement percer, qu’outre que quand ils en sont ostez, on passeroit aisement le doigt à travers des trous, encores ces pendans faits de ceste grosse coquille de mer nommée Vignol, dont j’ay parlé, estans blancs, ronds et aussi longs qu’une moyenne chandelle de suif : quand elles en sont coiffées, cela leur battant sur les espaules, voire jusques sur la poictrine, il semble à les voir un peu de loin, que ce soyent oreilles de limiers qui leur pendent de costé et d’autre.

Touchant le visage, voici la façon comme elles se l’accoustrent. La voisine, ou compagne avec le petit pinceau en la main ayant commencé un petit rond