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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/207

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vie à celuy qui l’avoit tué, eussent eu un Perroquet si bien appris, comment ils en eussent fait cas. Aussi ceste femme sauvage l’appellant son Cherimbané, c’est à dire, chose que j’aime bien, le tenoit si cher que quand nous le luy demandions à vendre, et que c’est qu’elle en vouloit, elle respondoit par moquerie, Moca-ouassou, c’est à dire, une artillerie : tellement que nous ne le sceusmes jamais avoir d’elle.

La seconde espece de Perroquets appelez Marganaz par les sauvages, qui sont de ceux qu’on apporte et qu’on voit plus communément en France, n’est pas en grande estime entre eux : et de faict les ayans par-delà en aussi grande abondance que nous avons ici les Pigeons, quoy que la chair en soit un peu dure, neantmoins parce qu’elle a le goust de la Perdrix, nous en mangions souvent, et tant qu’il nous plaisoit.

La troisieme sorte de Perroquets, nommez Toüs par les sauvages, et par les mariniers de Normandie moissons, ne sont pas plus gros qu’estourneaux : mais quant au plumage, excepté la queuë qu’ils ont fort longue et entremeslée de jaune, ils ont le corps aussi entierement vert que porrée.

Au reste, avant que finir ce propos des Perroquets, me ressouvenant de ce que quelqu’un dit en sa Cosmographie, qu’afin que les serpens ne mangent leurs oeufs ils font leurs nids pendus à une branche d’arbre, je diray en passant, qu’ayant veu le contraire en ceux de la terre du Bresil, qui les font tous en des creux d’arbres, en rond et assez durs, j’estime que ç’a esté une faribole et conte fait à plaisir à l’auteur de ce livre.

Les autres oyseaux du pays de nos Ameriquains sont, en premier lieu, celuy qu’ils appellent Toucan, (dont à autre propos j’ay fait mention ci-dessus) lequel