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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/290

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Je vous ai mis au rang des premiers combattants,

Dont le Ciel se servit, pour vaincre les Titans,

J'ai peint tout ce qu'a fait, cette dextre meurtrière,

Alexandre, et César gisants sur la poussière,

J'immolais tout le monde à l'honneur de vos faits,

Enfin, j'en ai plus dit, que je n'en crus jamais.

ÉMILE

.

Ignorant, dois-tu vivre, après cette insolence,

Est-il quelque dessein plus grand que ma vaillance ?

Me peux-tu reprocher que dans l'occasion

J'aie employé ce bras à ma confusion ?

Si des Titans, jadis, je n'ai vaincu la rage,

Peux-tu de ce malheur accuser mon courage ?

Privé du bien du jour, comme j'étais encor,

Pouvais-je à l'univers rendre le siècle d'or ;

Et les dieux n'ont-ils pas différé ma naissance,

Pour en donner la gloire à leur seule puissance ?

Depuis que ma grandeur tient l'être de leurs mains,

Se sont-ils employés à punir les humains ?

As-tu depuis ce temps vu tomber leur tonnerre,

Et rien, que mon épée a-t-il purgé la terre ?

Crois, que tout l'univers parle de mes exploits,

Que cent fois ma valeur a fait trembler des Rois :

Mais je discours en l'air, et jamais l'ignorance

N'a traité la vertu, qu'avec irrévérence.

LE VALET

.

Ne m'entretenez point de tant d'exploits passés,

Dites que je vous sers, et vous direz assez

Aurais-je offert mes soins, et mon courage extrême,

Qu'à la même vertu, qu'à la vaillance même ;