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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/323

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Et me suis-je opposée à tes intentions ?

Ne vois-tu pas en moi l'amitié la plus pure,

Que jamais à des sœurs enseigna la nature ?

M'as-tu vue autrefois révéler tes secrets,

Et n'ai-je pas eu part, en tous tes intérêts.

ÉRANTE

.

Laissez-moi, l'on m'appelle,

AMÉLIE

.

Ingrate inexorable,

Que profiteras-tu, si je suis misérable ;

N'as-tu pour mon sujet, ni pitié, ni douceur,

Ne donneras-tu rien au sacré nom de sœur ?

Tu me vouais jadis une amitié si nue,

Et que j'ai si souvent au besoin reconnue,

Las ! Si tu n'as plus rien de ces rares bontés,

Quel destin a si tôt changé tes qualités ;

Si tu les as encor, comment la bonté même,

Peut-elle méconnaître, et trahir ce qu'elle aime ?

Ressentant seulement l'ombre de mes douleurs,

Que la compassion, t'arracherait de pleurs.

ÉRANTE

.

Je m'emploierais pour vous, avec un soin extrême,

Et je voudrais cacher vos secrets à moi-même,

Mais ce présomptueux a ce coeur irrité,

Et je dois, le pouvant punir sa vanité ;

DIONYS

.

Divine, et sage Érante.

ÉRANTE

.

Avecques la menace,

On abat ton orgueil, on a part à ta grâce,

Je suis sage, et divine, et tu m'estimes fort