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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/347

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AMÉLIE

.

Il faut que cette feinte,

Vous fasse mesurer son désir, par la crainte,

Elle vous prouvera l'ardeur de nos amours.

Commençons il nous voit.

DIONYS

.

J'entendrai leurs discours.

Ils ne m'avisent pas en un endroit si sombre,

Et je puis tout ouïr, en faveur de cette ombre.

CLORIS
dit à Amélie, étant assise auprès d'elle.

Puisque l'occasion m'offre ici les cheveux,

Je ne me tairai plus cher espoir de mes vœux :

Votre possession est l'objet de mes larmes,

J'ajoute une victoire à celles de vos charmes,

Je n'adore que vous, et vos seules beautés

Ont mon âme ravie, et mes sens enchantés.

Amélie est un nom, qu'on sait par tout le monde,

On s'entretient de vous sur la terre et sur l'onde ;

Vos yeux font mépriser les autels de Vénus,

Et chacun sacrifie à ces Dieux inconnus ;

Attiré par l'éclat d'une beauté si rare,

Qu'elle peut enflammer le coeur le plus barbare,

J'ai quitté mon pays, sans dessein toutefois

De m'oser asservir sous de si dignes lois ;

Mais, qui peut s'exempter d'un si noble servage,

Pour vous, quelle raison ne perdrait son usage,