Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/260

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THÉODORE

L'effort, vous en sera pénible, mais illustre.

LE DUC

D'une si noble ardeur, il accroîtra le lustre.

THÉODORE

Tant s'en faut, cette épreuve est de tenir caché,

Un espoir, dont l'orgueil, vous serait reproché :

De vous taire, et n'admettre en votre confidence, [1545]

Que votre seul respect, avec votre prudence ;

Et pour le prix, enfin, du service important,

Qui rend sur tant de noms, votre nom éclatant

Allez en ma faveur ; demander à mon père,

Au lieu de votre hymen, la grâce de mon frère ; [1550]

Prévenir son arrêt, et par votre secours,

Faire tomber l'acier, prêt, à trancher ses jours ;

De cette épreuve, Duc, vos voeux sont-ils capables ?

LE DUC

Oui, Madame, et de plus, puisqu'ils sont si coupables,

Il vous sauront, encore, venger de leur orgueil, [1555]

Et tomber, avec moi, dans la nuit du cercueil.

THÉODORE

Non, je vous le défends, laissez-moi mes vengeances,

Et si j'ai droit sur vous, observez mes défenses.


Elle s'en va.


Adieu, Duc.

LE DUC, seul.

Quel orage agite mon espoir !

Et quelle loi mon coeur, viens-tu de recevoir ! [1560]

Si j'ose l'adorer, je prends trop de licence,