Scène V
Ô justice inhumaine, et devoirs ennemis,
Pour conserver mon sceptre, il faut perdre mon fils !
Mais laisse-les agir, importune tendresse,
Et vous, cachez mes yeux, vos pleurs, et ma faiblesse, [1650]
Je ne puis rien pour lui, le sang cède à la loi,
Et je ne lui puis être, et bon père et bon roi.
Vois, Pologne, en l'horreur, que le vice m'imprime,
Si mon élection, fut un choix légitime ;
Et si je puis donner, aux devoirs de mon rang, [1655]
Plus que mon propre fils, et que mon propre sang !
Scène VI
Par quelle loi, Seigneur, si barbare et si dure,
Pouviez-vous renverser, celle de la nature ?
J'apprends, qu'au Prince, hélas ! L'arrêt est prononcé,
Que de son châtiment, l'appareil est dressé ; [1660]
Quoi, nous demeurerons, par des lois si sévères,
L'État sans héritiers, vous sans fils, moi sans frères ?
Consultez-vous un peu ; contre votre fureur,
C'est trop, qu'en votre fils, condamner une erreur ;
Du carnage d'un frère, un frère est incapable, [1665]
De cet assassinat, la nuit seule est coupable ;