Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/349

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Mais qu'en un peu de temps, vous aura fait connaître,

Sous son autorité le plaisir, d'être maître,

Et de voir sous ses voix, tout un État changé,

Il vous plaira bien mieux, en un Sceptre changé, [125]

Et l'essai, que par lui, vous ferez de l'Empire,

Vous conduira sans peine, où votre mère aspire ;

Votre consentement, ne lui déniera rien.

Mardesane

C'est votre sentiment, et ce n'est pas le mien ;

Non, que je ne me sente, et d'âme, et de naissance, [130]

Capable d'exercer, cette illustre puissance ;

Mais quelque doux éclat, qu'ait un Bandeau Royal,

Il ne me plairait pas, sur un front déloyal ;

L'Europe, si féconde, en puissance suprême,

Offre au sang, qui m'anime, assez de Diadèmes, [135]

Pour périr noblement, ou pour n'en manquer pas,

Quand ils auront, pour moi, d'assez charmants appas ;

Mais, faites toujours fonds, de vos intelligences,

Pratiquez vos amis, préparez vos vengeances ;

Ouvrez-vous, faites-vous un parti si puissant, [140]

Qu'il fasse évanouir, ce fantôme naissant,

Ce pouvoir usurpé, ce règne imaginaire,

Que vous n'excusez pas, de l'amour d'une mère.

Syroës

Puisque vous le voulez, il l'en faut excuser,

Et dessus votre foi, j'ose m'en reposer ; [145]

Mais, (et de cet avis, conservez la mémoire)

Si m'ayant, sur ce gage, obligé de vous croire,

De son ambition, goûtant mieux les appas,

Vous laissez gagner, ne me pardonnez pas ;

Et pour bien établir l'heur qu'elle vous destine, [150]