Mais, soutenez-le, Prince, et prêtez-y le bras ;
Le Ciel est inutile, à qui ne s'aide pas ; [205]
Quand vous pouvez agir, épargnez le tonnerre ;
Avant l'aide du Ciel, servez-vous de la terre ;
Usez de vos amis, de vous-même, et du temps ;
Et donnez, seulement, un chef, aux mécontents.
Sans peine, vous verrez votre ligue formée, [210]
De ce nombre, déjà, comptez toute l'armée ;
À qui la paix, deux fois, refusée aux Romains,
Fait d'un juste dépit, choir les armes des mains ;
Et qui me préférant, au chef que l'on envoie,
Sous main, embrassera, mes ordres, avec joie ; [215]
Des Satrapes, encor, tout le corps irrité,
S'offre à prêter l'épaule, à votre autorité ;
Et tous, unis pour nous, de même intelligence,
Gardent encor, à part, leurs sujets de vengeance.
En la mort d'Hormisdas, les uns intéressés, [220]
De ce grand attentat, sont encore blessés,
Et verraient avec joie, et d'une ardeur avide
Punir par un second, le premier parricide ;
D'autres dépossédés de leurs gouvernements,
Attendent pour s'ouvrir, les moindres mouvements ; [225]
Et d'autres offensés, en leurs propres familles,
En l'honneur d'une femme, en celui de leurs filles,
Trop faibles pour agir, jusqu'à l'occasion,
Dissimulent leur haine, et leur confusion ;
Comme un soleil naissant, le peuple vous regarde, [230]
Et ne pouvant souffrir, celui qui vous retarde ;
Déteste, de le voir, si près de son couchant,
Traîner si loin, son âge imbécile, et penchant.