Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/394

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Qu'ai-je, à vous demander, après cette merveille !

Le reproche était juste, aux bouches de la Cour,

Que le sang de Syra, m'eût donné de l'amour ;

Et son aversion, pour moi si naturelle,

Ne me pouvait souffrir, d'aimer rien qui vint d'elle ; [1170]

Mon coeur était trop bon, pour en être surpris,

Dans mon aveuglement, il ne s'est point mépris ;

Il n'a rien fait de lâche, et contre ma pensée,

N'aimait rien de Syra, quand il aimait Narsée,

Mais sur ce seul rapport, te puis-je ajouter foi, [1175]

artanasde

Si les respects, qu'on doit, aux oreilles d'un Roi ;

Si la sincérité d'une âme assez loyale,

Pour avoir tant vécu, dans la maison Royale ;

Si la foi de ma soeur, celle de Palmyras,

Qui d'un injuste joug, retire vos États ; [1180]

Si m'être désisté, du parti de la Reine,

Dont loin d'exécuter, j'ai détesté la haine ;

Et si ma vie, enfin, que j'ose hasarder,

Ne suffisent, Grand Prince, à vous persuader,

Sur ce débile corps, éprouvez les tortures, [1185]

Vous n'en tirerez pas, des vérités plus pures ;

Quinze lustres, et plus, ont dû prouver ma foi.

Syroës

Quelles grâces, bons Dieux ! et quel heur je vous dois,

Et toi, qui rends le calme, à notre amour flottante,

artanasde, tes biens, passeront ton attente ; [1190]

Et feront envier, l'éclat de ta maison,

Allons, et garde-moi, ce fer, et ce poison.