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ADRIEN.

Qu’il fasse, il tarde trop.

FLAVIE.

Qu’il fasse, il tarde trop.Que votre repentir…

ADRIEN.

Non, non, mon sang, Flavie, est tout prêt à sortir.

FLAVIE.

Si vous vous obstinez, votre perte est certaine.

ADRIEN.

L’attente m’en est douce, et la menace vaine.

FLAVIE.

Quoi ! vous n’ouvrirez point l’oreille à mes avis,
Aux soupirs de la cour, aux vœux de vos amis,
À l’amour de César, aux cris de Natalie,
À qui si récemment un si beau nœud vous lie ?
Et vous voudriez souffrir que dans cet accident
Ce soleil de beauté trouvât son occident ?
À peine, depuis l’heure à ce nœud destinée,
A-t-elle vu flamber les torches d’hyménée :
Encor si quelque fruit de vos chastes amours
Devoit après la mort perpétuer vos jours !
Mais vous voulez mourir avecque la disgrâce
D’éteindre votre nom avecque votre race,
Et, suivant la fureur d’un aveugle transport,
Nous être tout ravi par une seule mort !
Si votre bon génie attend l’heure opportune,
Savez-vous les emplois dont vous courez fortune ?
L’espoir vous manque-t-il ? et n’osez-vous songer,
Qu’avant qu’être empereur Maximin fut berger ?
Pour peu que sa faveur vous puisse être constante,