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Page:Jeandet - Pontus de Tyard, 1860.djvu/171

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jambements, un manque d’harmonie & une rudefle qui en rendent la ledlure laborieufe ; mais, en compenfation, on y rencontre ça & là, comme chez tous les poètes du xvi^ fiècle, des penfées fines, du fentiment, des images gracieufes, des vers heureux & parfois de la fureur poétique. Moins poète que Ronfard, fous le rapport de Finfpiration, de la fécondité & de la hardie (Te, Tyard fe montre plus fobre que lui dans l’emploi de ces mots nouveaux & compofés qui défigurent fi fouvent les vers du chef de la pléiade.

Qu’on fe garde bien, néanmoins, d’aller chercher dans Pontus l’aifance, le charme, l’harmonie qui font les apanages de la poéfie ; Pontus n’efl : rien moins que poète par la forme, ce n’eft point un verfificateur, c’eft un lettré, un philofophe, un moralifte à l’âme élevée, au cœur chaud, qui fait des rimes en manière de paffe-temps, parce qu’alors tout le monde en fkifait. Mais Pontus eft éminemment poète par la nobleffe & la pureté des fentiments, par la haute idée qu’il a conçue de la poéfie. Sous ce rapport, il n’a point de rivaux parmi fes contemporains. Qu’on me permette d’éclaircir ma penfée par une comparaifon, qui paraîtra impoffible au premier coup d’œil, une comparaifon entre le poète Pontus de Tyard & le poète Demalerbe. Le premier n’a pas laiflTé de nom comme poète, & c’eft juftice ; le fécond, au contraire, eft réputé, avec raifon, pour le père de la poéfie régulière en France. Eh bien ! Demalerbe, produifant fes chefs-d’œuvre lyriques & eftimant aflez peu la poéfie pour