Échalote médite, terrée dans sa mélancolie. Les camarades, sur une autre banquette, jouent au rams avec des haricots. Elle ne suit pas l’intérêt d’une partie trop comestible, et les heures se succèdent et la pénombre survient. Un nègre passe qui prend des commandes pour la collation du soir. Elle n’a pas faim et rembarre l’homme en cirage. Il insiste en anglais nègre, elle ne répond plus et contemple la campagne assez pouilleuse. Soudain, reportant ses yeux dans le car, elle voit le nègre posté dans l’accordéon d’entre son wagon et le suivant. La figure grimace, les bras interviennent. Pour qui cette mimique ? Elle regarde mieux. Pas de doute, le nègre s’adresse à elle. Que lui veut-il ? Les mains l’appellent ! Pourquoi faire ? Sait-on jamais. Elle n’est peut-être pas en règle avec la douane ou le contrôle. Elle se dirige vers le nègre, lequel ferme ensuite les portes de communication. Les voilà emprisonnés dans l’accordéon. Dieu ! qu’il sent mauvais. Ciel ! qu’il est horrible !
— Que voulez-vous ? — questionne Échalote.
Il baragouine un discours.
— I dont no, — explique-t-elle, se servant ainsi d’une des rares phrases anglaises apprises dans un vocabulaire trouvé chez Bichette et où fourmil-