Aller au contenu

Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
échalote et ses amants

distractions coutumières. Un quatuor perpétrait une manille, entouré de dames de tous âges, plus ou moins enlacées. Il y avait de la jeune graine germant sous les baisers de fleurs plus qu’épanouies et de dégourdies ingénues convoitées par des perruques au henné sous lesquelles vermillonnaient des visages quasi-centenaires. Des yeux de vieilles courtisanes allumaient, d’un feu voilé de cataracte, des museaux étonnés et gamins. Les antiques paupières avaient, jusque sur elles, les reflets des diamants d’oreilles, et les prunelles puériles souriaient aux yeux des pierreries. Les vieilles commençaient à être satisfaites. Chaque nuit elles étaient là, goules à fillettes, guettant leur proie d’abord hostile mais qui, à l’heure de la misère, passive, se laisserait entraîner.

Commandité par une antique et millionnaire catin, connue, en raison de ses attaches passées avec un gros bonnet de la finance, sous le nom tout court de Baronne, le Frelon devait, d’après les conventions conclues, varier ses hôtes. Papa, braconnier au flair d’ogre, avait à découvrir le gibier utile, à l’ensorceler de promesses et à l’attirer rue Pigalle. Le soir, la bailleuse de fonds estimait les recrues et amorçait ses

* 142 *