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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/158

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échalote et ses amants

Malgré toutes les objections d’Échalote, l’amant de cœur n’avait pu, en effet, se décider à passer cette soirée en ville. Il lui fallait voir son amie, enregistrer son succès et supputer ce que ce métier pourrait procurer par la suite. Ses idées de mariage tenaient toujours et ne céderaient pas devant les sacrifices de M. Plusch, au contraire. Il savait par Échalote que l’appartement de l’impasse Blanche-Neige se meublait lentement mais confortablement. Il ne manquait que le superflu pour le rendre habitable ; les gros meubles, acquis à bon compte à l’hôtel Drouot, y occupaient leur place rationnelle. Restait le vide des planches à combler et la nudité des fenêtres à vêtir. Une bonne aubaine s’annonçait : M. Plusch, plus que jamais à la piste des affaires, était à la veille de signer une combinaison avantageuse qui l’éloignerait de Paris pour un ou deux mois. Jusqu’ici il lui plaisait d’aller, de temps en temps, promener son abdomen en province et s’assurer, dans les villes de ressources, si sa figure qui attirait ou la gifle ou le baiser en était toujours à ce second emploi. Il avait eu de Lille à Marseille et de Nancy à Bordeaux les aventures les plus flatteuses. Même il s’amusait parfois à se les remémorer comme, par exemple, cette saison à Vichy, où, durant chaque nuit passée à deux, il s’était plu à solliciter de l’affable compagne, après l’abandon de tout elle, celui de sa chemise en linon. Ainsi que Rollinat, il pouvait chanter, en regagnant son home : « Elle me la donna, sa chemise en dentelle », car peu de femmes lui refusaient ce souvenir de leurs étreintes chiffon-

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