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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/40

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échalote et ses amants

végétation luxuriante : un jeune platane, sans que personne l’eût semé, avait, en moins d’une heure, poussé dans l’encrier et les lobes charnus de la pipelette étaient tombés dans ce feuillage chatouilleur et inattendu. Un soir, des locataires du sixième, n’ayant pas leur courrier, avaient évité à leur fils ingambe de descendre le demander à la loge en se souvenant des bienfaits et de l’utilité du téléphone dans la société moderne. S’emparant d’une dame-jeanne vide, ils avaient ouvert leur fenêtre et, délicatement, avaient laissé choir ledit récipient sur les dalles de la cour. Plumage, les cheveux en paratonnerres, les bras au ciel, croyant à une chute de toiture, était accouru. Les locataires, du haut de leur mansarde, le sourire aux lèvres, lui avaient alors posé cette délicate question : « Excusez-nous, cher monsieur Plumage, c’est pour vous demander s’il n’y a pas de lettres pour nous, ce soir. »

La stupéfaction, l’abasourdissement du concierge avaient été tels que, soudain, tous ses « nom de D… ! » et ses « je vous f…trai congé » s’étaient paralysés

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