Aller au contenu

Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
une maison bien tenue

l’un composé des bourgeois modestes et silencieux, l’autre des j’m’enfichistes bohèmes des petits appartements sans impôts. Un incident inattendu mit le feu aux poudres. Un jour deux vagues journalistes vinrent demander à Plumage si Mlle Céleste Lhomme, une femme de lettres non moins vague, était chez elle ; « Non, — leur répondit Plumage, — elle est partie depuis hier à la campagne. — C’est bien dommage, — firent les journalistes, — nous venions lui dire que le chameau, l’éléphant et la panthère qu’elle a achetés au Jardin d’Acclimatation lui seront livrés ce soir et la prévenir qu’elle ait à préparer sa cave pour les loger. — Un chameau, un éléphant, une panthère ! — s’écria Plumage, — comment, elle a l’intention de les entrer dans ma maison ? — Dame, c’est l’ordre qu’elle nous a transmis. — Ah ! nom de D… de nom de D… ! — vociféra le Cerbère, — on verra bien lequel de nous deux fait la police ici ! » Et tout le soir et la nuit suivante Plumage, un revolver au poing, se tint dans le vestibule, bondissant à la porte dès que Blandine tirait le cordon et affolant ainsi, par sa mine de Pandore en colère et la vue de son arme homicide, les paisibles rentiers qui, après un petit extra au théâtre et une choucroute à la brasserie, rentraient chez eux.

Il fallut l’arrivée du monsieur gras et chauve que nous avons vu, au chapitre précédent, se présenter lui-même à Échalote, pour mettre les choses au point et calmer la panique. Au récit que lui fit Plumage des raisons de sa garde armée, le monsieur eut vite discerné la bouffonnerie de l’aventure. À l’aide

* 35 *