Page:Jehin - Les aventures extraordinaires de deux canayens, 1918.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5

ce épouse (née Philomène Tranchemontagne de Shawinigan) ne se contentait pas de le cribler de dettes mais aussi ornementait son crane de la plus phénoménale paire de cornes qu’on puisse souhaiter à un mari, celui-ci fût-il même de Corneville.

Philomène Tranchemontagne

Or, Titoine, de sa nature, n’aimait pas les dettes, il savait qu’il existe des moyens pour parer à cet inconvénient, mais ce qui le chatouilla fort désagréablement fut la question des cornes. Après avoir bien réfléchi, pesé et repesé les moindres détails de la situation, il décida de mettre entre lui et sa suave moitié (née Philomène Tranchemontagne de Shawinigan) la ligne 45ième. Il se rendit donc chez son notaire, liquida en sourdine son capital et prenant un bon soir le train, il partit à la recherche de la liberté et du bonheur.

Voici donc en quelques mots par quelle suite de circonstances nous trouvons Titoine Pelquier à New-York.

Le lendemain du jour où commence notre récit, Titoine, reposé, après avoir déjeuné, l’esprit libre, le cœur plein des plus hautes aspirations, se rendit à la gare du « Grand Central », non pas dans l’intention de s’informer de l’heure des trains en partance pour Montréal, mais simplement pour y acheter un journal et s’asseoir confortablement dans la salle d’attente et lire tout à son aise dans les journaux du matin les colonnes des « Help Wanted ».

Après avoir lu et relu ce qui l’intéressait, il s’arrêta à une annonce, tira un guide de New-York qu’il avait avec lui et après l’avoir consulté il se dit à demi-voix :

« Diable, c’est rudement loin la Place de la Batterie, c’est presqu’aussi quasiment loin que d’aller du Mile-End au Sault-au-Récollet. »

Ces paroles, que cependant il avait prononcées fort bas, ne