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Sachons cependant que durant les premiers mois de leur voyage aérien, ils firent plus de trois fois le tour du monde, voyageant de nuit, parfois illuminés, et toujours à de très grandes hauteurs. Souvent ils atterrissaient et sans que l’auto-aérien soit vu, tant ils prenaient soin de le bien cacher, ils se rendaient à des villages, même dans des petites villes, où ils parvenaient à se procurer des objets de grande valeur pour des sommes modiques.

C’est ainsi qu’ils visitèrent les Indes, la Chine, le Japon, explorèrent l’Amérique Centrale, les régions mystérieuses de l’Afrique, et n’oublièrent pas l’Océanie. Ils auraient bien visité les deux pôles, mais ils remettaient ce voyage à plus tard.

Personne encore se doutait que le bolide n’était autre chose qu’un dirigeable, et nos amis se gardaient bien de révéler leur identité.

Cependant ils savaient bien que cet incognito ne pouvait durer éternellement et que l’heure approchait à laquelle le nouvel empereur devrait se révéler et prendre la place qu’il voulait avoir, qu’il désirait occuper dans le concert des grandes puissances.

Pour cela il fallait préparer les populations du globe, pousser la curiosité humaine à son paroxysme et, comme on dit en terme de théâtre, bien disposer le public pour le grand coup de scène.

Shakespeare a dit quelque part : “The world is a stage and every man an actor”.

Oui, le monde est un grand théâtre, mais l’immensité de l’espace est plus grande encore et Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier pouvaient se vanter d’être de fameux comédiens.

Maintenant que leur public semblait bien préparé, il leur fallait lancer leur publicité. (Il est étrange de constater combien la comédie humaine diffère en peu de chose de celle que l’on joue sur nos scènes lyriques, et ceci se comprend d’autant mieux qu’après tout au théâtre on s’efforce de représenter ce qui se passe dans la vie journalière.)

Titoine Pelquier, duc de Ste-Cunégonde et baron des Tanneries, qui occupait à lui seul les différents ministères du gouvernement de l’Empire de l’Espace, prit donc sa meilleure plume et écrivit les documents qui émotionnèrent à un si haut degré les peuples de la terre.

Avant de partir ils s’étaient procuré des costumes spéciaux