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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/145

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car je vais faire dans vos jours une œuvre que vous ne croirez pas quand vous l’entendrez dire. » Symmaque, sur ce point où je dis : « Car il s’est fait dans vos jours une œuvre », met : « Il se fera ; » sa traduction est la même que la nôtre pour tout le reste. En tête du verset, j’ai traduit l’hébreu Rau Baggoim par : « Jetez les yeux sur les nations », et les Septante disent : « Voyez, contempteurs. » Aquila, Symmaque et Théodotion donnent la même interprétation que moi ; mais j’ai trouvé dans une certaine édition anonyme : « Vous verrez, calomniateurs », et dans une autre, également sans nom d’auteur : « Vous verrez, vous qui vous éloignez de moi. » Aux plaintes accusatrices du Prophète : « Jusques à quand, Seigneur, crierai-je, sans que vous m’entendiez ? » et le reste jusqu’à la fin de cet exorde, la voix du Seigneur répond que ce qu’il regarde comme une injustice faite au seul Israël, se passe aussi chez les autres peuples : ce ne sont pas seulement Juda et Jérusalem, comme le pensait le Prophète, qui ont été livrés aux Chaldéens, mais toutes les nations d’alentour, et Babylone doit être si puissante d’abord et faire une chute si terrible plus tard, que si quelqu’un prédisait ce qui doit arriver, la grandeur de l’événement le ferait paraître incroyable.

D’autre part, l’interprétation des Septante et des autres : « Voyez, contempteurs », ou bien : « Vous verrez, calomniateurs », et « hommes égarés », abonde dans le sens de ce passage ; d’après leur propre langage, Dieu accuse d’audace et de mépris à l’égard du Seigneur, ceux dont le Prophète a traduit les cris, et leur demande comment ils ont osé mépriser la majesté de Dieu, parler avec cette témérité, calomnier, autant qu’il était en leur pouvoir, la providence divine, et se séparer du Seigneur, en l’accusant d’injustice. Vous verrez donc, hommes dédaigneux, et vous serez frappés d’étonnement, et vous regarderez toute votre plainte comme sans aucune valeur, lorsque vous m’aurez vu faire dans vos jours, – pour que vous ne puissiez dire : Que nous importe l’avenir ? – Une œuvre si considérable et qui anéantira tellement toute votre accusation, que si quelqu’un vous prédisait maintenant qu’elle arrivera, vous y ajouteriez foi difficilement. Quelle est cette œuvre ? la suite de la prophétie le montre.


« Je vais susciter les Chaldéens, cette nation cruelle et d’une incroyable vitesse, qui court toutes les terres pour s’emparer des maisons des autres. Elle porte avec soi l’horreur et l’effroi, elle ne reconnaît point d’autre juge qu’elle-même, et c’est d’elle que le fardeau sortira. Ses chevaux sont plus légers que les léopards et plus vite que les loups qui courent le soir ; sa cavalerie se répandra de toutes parts, et ses cavaliers viendront de loin, et voleront comme un aigle qui fond sur sa proie. Ils viendront tous au butin, avec leur