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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/210

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trompera celui qui attendait son fruit, et les campagnes ne porteront plus du grain pour nourrir, etc. » Gomme ici les Septante ne diffèrent guère de l’hébreu, je discuterai les deux textes ensemble. Lorsque viendra le jour de la tribulation, je monterai aussi vers le peuple qui a autrefois fait le voyage de la vie comme moi ; ou assurément, quand viendra le jour du renversement des Juifs et du premier peuple, et que la fille de Sion sera abandonnée, comme une tente au milieu d’une vigne, comme une cabane dans un champ de concombres, et comme une ville prise d’assaut, moi qui, sur le point de périr, ai été élu pour faire partie du peuple, dont il a été dit : « Si le Seigneur ne nous avait réservé quelques-uns de notre race, nous aurions été comme Sodome, et nous serions devenus semblables à Gomorhe », [1], je m’unirai aux disciples de Jésus-Christ, et comme il les instruit sur la montagne, laissant au bas les foules et les faibles, je monterai vers les sommets. Car il n’a pas donné de fruit, le figuier vers lequel vint Notre-Seigneur qui avait faim, et ne trouvant pas de figues sur lui, il le frappa de cette malédiction : « Tu ne porteras plus de fruit jusqu’à la fin du siècle. » [2]. Arrêtons-nous attentivement à ces paroles : « Tu ne porteras plus de fruit jusqu’à la fin du siècle. » Il ne dit pas jusque dans les siècles des siècles ; mais lorsque ce siècle sera passé, et que la plénitude des nations sera entrée, alors aussi ce figuier portera ses fruits, et tout Israël sera sauvé. Ce figuier est celui vers lequel le père de famille vient pour la troisième fois, et qu’il veut arracher comme rie faisant pas de fruit ; le colon, à qui le soin en avait été confié, demande grâce pour lui, afin qu’on lui accorde le temps, et il dit : « Seigneur, laissez-le encore cette année, afin que je laboure au pied, et que j’y mette du fumier ; après cela, nous verrons s’il porte du fruit ; si non vous le ferez couper. » [3]. Ce vigneron, c’est Gabriel, ou c’est Michel, à qui, a été confié le peuple juif, et qui prie Notre-Seigneur dans la passion : Seigneur, dit-il, donnez-leur le temps de la pénitence, et ne les arrachez point, pour voir s’ils porteront des fruits ; sinon, vous les arracherez alors. S’ils portent du fruit, le texte ne dit pas ce qu’ils endureront, et il ne dit pas non plus qu’ils resteront comme ils étaient ; mais s’ils portent du fruit, la sentence demeure en suspens, en sorte qu’on sous-entende : Vous les transporterez dans l’Église des Gentils, vous les transplanterez dans une autre vigne. Le Seigneur vient pour la troisième fois, et il ne trouve pas du fruit sur ces figuiers. Il leur a donné d’abord la loi par Moïse, puis il leur a parlé par les prophètes, et en troisième lieu, il est descendu lui-même ; et après la Passion, quarante-quatre ans leur ayant ôté accordés pour faire pénitence, comme ils ne portèrent pas de fruits, en quatrième lieu ils ont été arrachés. Ceci pourtant est laissé à notre sagacité : la parabole mentionne simplement la prière du vigneron,

  1. Isa. 1, 9
  2. Mat. 21, 19
  3. Luc. 13, 8-9