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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/236

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comme des excréments à la surface de la terre. Les riches d’entre eux, qui avaient multiplié à l’excès les iniquités pour amasser de l’argent et de l’or, n’ont pu être délivrés par leurs trésors du jour de la colère, le feu de la jalousie du Seigneur allumé contre eux ayant dévoré tout le pays. Et le temps du répit ne fut pas long : quarante-deux ans après le crucifiement de Notre Seigneur, Jérusalem fut entourée par l’armée romaine, et non seulement sa ruine, mais aussi celle de tous les habitants de la Judée fut promptement consommée.

D’autre part, dans la consommation du monde ou de chacun de nous, tous les hommes, qui étaient demeurés hommes et qui sont morts comme hommes, seront abreuvés de tribulations. Ils marcheront comme des aveugles, parce qu’ils ont perdu la lumière des vertus, et qu’ils n’auront pas le temps de faire pénitence ; et ils subiront ce sort, parce qu’ils ont péché contre le Seigneur. Puisque le Seigneur est la justice même, la vérité, la sainteté et les autres vertus, quiconque a agi injustement, s’est livré au mensonge, et s’est fait l’esclavage de l’impureté et des vices, a péché, contre le Seigneur. Quant à ce qui suit : « Leur sang sera répandu comme la poussière, et leurs corps seront semblables à des excréments de bœufs », il paraît absurde de dire qu’à la résurrection des morts, à la consommation du monde et au jour du jugement, leur sang sera répandu et leurs corps seront semblables à du fumier. Ainsi donc, ce qui est dit à Noé : « Je vengerai le sang de vos âmes de toutes les bêtes qui l’auront répandu, et de la main de l’homme, et je vengerai l’âme de l’homme de la main de son frère, et quiconque aura répandu le sang de l’homme sera puni par l’effusion de son propre sang », Gen. 9, 5-6, il serait ridicule d’en attendre l’accomplissement dans la résurrection, quoique cependant on ne puisse l’appliquer à cette vie ? Combien, en effet, qui ont répandu le sang, et dont le sang n’a pas été répandu ? et d’autres qui ont mis à mort l’homme par le poison ou par la corde, en sorte qu’il y a eu mort d’homme, sans qu’il y ait eu de sang versé ? Comment donc le Seigneur répandra-t-il leur sang selon la peine du talion, alors que celui qui a tué n’a pas répandu le sang ? Par sang de l’homme, il faut donc entendre le principe de la vie, par lequel on a la vigueur, la' sève et la vie. Quiconque répandra ce principe vital, soit par le scandale, soit par sa doctrine perverse, verra le sien répandu par le Seigneur au jour du jugement, c’est-à-dire qu’il perdra de force tout ce qu’il se flattait d’avoir de vie. Dans le sens de sang de cette sorte s’entend aussi la chair, dont Isaïe a dit : « Toute chair est de l’herbe ; » Isa. 40, 6 ; et le Seigneur dans la Genèse : « Mon esprit ne demeurera pas dans ces hommes,