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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/257

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dans vos maux, vous la reconnussiez du moins dans mes bienfaits ; ou assurément le sens est celui-ci : J’ai détruit toutes vos villes, ô Juda, tous les bourgs et les tribus qui vous étaient soumis, et la dépopulation a été si grande, qu’il ne demeurait pas un seul habitant dans vos villes ; et après cela, me levant dès le matin pour vous exhorter à la pénitence, j’ai dit : Je vous ai, il est vrai, traitée de la sorte, ô Jérusalem, mais je l’ai fait pour vous inspirer la crainte de ma colère, pour vous faire recevoir ma correction, et pour que votre habitation, c’est-à-dire votre temple, ne périsse pas à cause de tous les crimes que vous avez commis. Or, au contraire, les habitants de Jérusalem, alors que je les exhortais à la pénitence, comme si l’esprit do querelle les rendait diligents, se sont levés dès le matin, afin d’accomplir, avec la môme hâte qu’ils auraient dû mettre à retourner à moi, toutes leurs pensées, et de montrer par leurs œuvres ce que leur esprit avait conçu. Voilà le commentaire du texte hébreu.

D’autre part, d’après ce qui a été dit plus haut, cette ville illustre et rachetée par le sang de Jésus-Christ, c’est évidemment l’Église, qui est aussi appelée colombe, à cause de la simplicité de la foi de la multitude des fidèles qui l’habitent. Elle n’a pas écouté la voix du Seigneur, elle a refusé de se plier à la discipline, elle n’a pas mis sa confiance dans le Seigneur, elle n’a pas voulu s’approcher du Seigneur son Dieu, pour mériter le pardon de ses péchés. Et en effet, c’est en vain qu’un homme prétend écouter la voix du Seigneur son Dieu et mettre en lui sa confiance, lorsqu’il détruit la foi par les œuvres, qu’il est plus uni à ses intérêts temporels qu’au Seigneur son Dieu, qu’il s’approche de lui avec un cœur double et qu’il croit pouvoir servir sous les étendards de deux maîtres, celui du monde et celui de Dieu. Les princes de cette cité sont comme des lions rugissants. Nous ne saurions avoir de doute sur ce rugissement et cette impétuosité des lions, lorsque nous voyons les princes de cette Jérusalem tonner contre les peuples qui lui sont soumis, et les effrayer pas leur voix despotique et par leurs outrages furieux, au point qu’on croirait avoir affaire, non pas à un berger au milieu de son troupeau, mais à un lion frémissant au milieu de timides brebis. Ses juges sont comme des loups d’Arabie, déchirant leur proie le soir, et n’en laissant rien pour le lendemain matin ; ne tournant pas leurs yeux vers le lever du soleil, mais demeurant toujours dans les ténèbres, et tournant à leur profit les minces possessions de] l’Église et ce qui est apporté dans le trésor de Dieu, en sorte que les pauvres n’ont pas de quoi manger le matin, tandis que ces juges, comme à la faveur de la nuit et hors des regards, dévastent tout et