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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/72

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et, en le commentant d’abord selon la lettre, efforçons-nous, avec l’aide de vos prières, de nous élever au sens selon l’esprit.
Écoutez, ô dix tribus de Samarie, ce que le Seigneur vous atteste : le feu, c’est-à-dire l’iniquité, est encore dans la maison de l’impie Amri, et les trésors d’impiété persévèrent dans la maison royale. Voulez-vous entendre par le détail de quelles scélératesses votre ville est pleine ? le voici : la mesure trop petite provoquant la colère divine, la balance trompeuse, les deux poids, l’un avec lequel on vend et l’autre avec lequel on achète. Pro. 11 ; Deu. 25. Encore, si c’étaient des pauvres qui agissent ainsi, leur indigence serait un semblant d’excuse à leur crime par la nécessité ; mais ce sont les riches, qui regorgent d’iniquité plutôt que de richesses, parce que toutes ces richesses, dès l’instant qu’ils dépouillent le prochain, sont le fruit de l’iniquité. Le mensonge suit cet accaparement des richesses, et la main accoutumée à entasser des trésors a pour auxiliaire une langue trompeuse. La vérité est la mère de la pauvreté ; le mensonge, le père de l’opulence. Devant cette conduite de vos princes, je n’ai pas voulu vous détruire tout d’abord ; j’ai commencé à vous frapper peu à peu et à vous avertir par des plaies diverses. Je vous ai envoyé la famine, je vous ai envoyé la soif, je vous ai envoyé les maladies ; les ennemis sont venus porter leurs ravages autour de vous ; la moisson a été stérile, l’olive pressée n’a pas donné d’huile, la vendange vous a refusé le vin. Voilà les maux que j’ai opposés aux iniquités, aux mesures voleuses et aux poids trompeurs. Mais vous avez gardé toutes les cérémonies d’idolâtrie établies par l’impie Amri, 1 Ro. 16 et seqq., et toutes les œuvres de la maison d’Achab et de Jézabel, au lieu d’observer ma loi ; votre crime m’a contraint à vous rendre, avec vos habitants, l’objet de la risée des hommes ; le nom de mon peuple est devenu un opprobre, puisque les Assyriens qui vous ont prises, vous ont vaincues comme si vous étiez le peuple de Dieu, et à cause de vous, mon nom est blasphémé parmi les idolâtres. Rom. U. Il est à remarquer qu’en cet endroit : « Vous porterez l’opprobre sous le nom de mon peuple », que les Septante ont rendu par : « Vous recevrez les opprobres de la part des peuples », l’hébreu porte Ammi pour « de mon peuple ; » et puisque Ammi veut dire « de mon peuple », il est évident que Amri a été à tort traduit plus haut de la môme façon. Jusqu’à présent, j’ai exprimé ma manière de voir d’après le texte hébreu ; je reviens maintenant â la version des Septante, afin de discuter chaque point selon mes forces.
La tribu samaritaine, qui a fait schisme d’avec le peuple de Dieu, est invitée à écouter. La prophétie lui dit : C’est en vain que vous fabriquez des idoles, que vous faites des veaux d’or d’une main habile, et qu’à l’exemple de Jérusalem vous voulez embellir une autre métropole ; qui pourrait, en effet, orner une telle ville ? Est-ce le