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sans pain, sans sel, vivant de poisson, qui est la seule nourriture du pays ; celui-ci vient-il à manquer, il ne reste alors que la « galette » de sarrasin pour apaiser leur faim.

Exposées à la férocité des sauvages, surtout dans leurs premiers voyages, les Sœurs Grises furent bien des fois miraculeusement préservées de la mort, et lorsque, sorties de ce danger, elles commençaient à se rassurer, souvent leurs inquiétudes et leurs terreurs renaissaient à la vue des rapides, des chutes d’eau ou des torrents impétueux qu’elles avaient à traverser pour continuer leur route.

Les filles de Mme d’Youville se plaisent à reconnaître que c’est à leur sainte mère, qui, par la pratique de vertus héroïques, leur a mérité une force et un courage égaux aux siens, qu’elles doivent leur amour de la souffrance et du sacrifice.

Dans le chapitre de la fondation des missions sauvages, nous ferons connaître à nos lecteurs d’une manière plus détaillée l’héroïque charité de ces femmes courageuses, qui ont tout quitté et qui ont même bravé la mort pour sauver les âmes des infidèles.