Aller au contenu

Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
madame d’youville

fruit du travail qu’elle faisait autrefois pour le gouvernement français, mais elle était encore menacée de voir se tarir les sources de charité privée où elle avait eu l’habitude de puiser dans ses moments de plus grands embarras.

En effet, après la conquête, les familles les plus influentes et les plus riches de la colonie avaient repassé la mer, et Mme d’Youville se trouvait privée d’un secours qui jusque-là ne lui avait jamais manqué.

Elle crut alors devoir s’adresser au gouvernement français pour obtenir le paiement de la somme considérable qu’il lui devait. Mais ce fut en vain, sa demande resta sans réponse.

Tandis qu’elle voyait ainsi s’évanouir l’espoir d’être payée par l’ancienne mère-patrie, le secours lui vint d’ailleurs. Le grand incendie qui avait causé tant de ruines à Ville-Marie avait créé une profonde impression en Angleterre et fait naître des sympathies. Le gouvernement anglais voulait aussi venir en aide à ses nouveaux colons et, dans la distribution d’une souscription considérable faite à Londres, il se trouva heureusement que la part de Mme d’Youville s’élevait à dix-neuf mille francs. Elle écrivait à ce propos : « Vous savez ce que le roi de France nous a fait perdre ; ici, on ne fait rien ; plus d’ouvrage comme autrefois ; nous avons essuyé un incendie qui nous a noyées dans les dettes et duquel nous ne