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Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/253

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madame d’youville

don de prophétie. Nous en citerons deux exemples remarquables.

Cinq ans avant sa mort, le 22 août 1766, Mme d’Youville se trouvait dans la communauté, entourée de ses sœurs, au nombre de dix-sept. Elle promena les yeux autour d’elle, les regarda les unes après les autres et, s’arrêtant à la sœur Coutlée, elle dit : « Ce sera elle qui demeurera la dernière et vous survivra à toutes. » Mme d’Youville parlait peu et surtout ne se permettait jamais de badinage. Les sœurs, en l’entendant parler aussi sûrement, furent persuadées que leur mère entrevoyait l’avenir, et la suite prouva qu’elles avaient raison. Plusieurs des sœurs présentes alors vécurent quarante, cinquante et même cinquante-cinq ans ; sœur Coutlée resta la dernière. Devenue supérieure à la mort de Mère Despins, elle avait vu mourir toutes ses compagnes, à part la sœur Prudhomme. Celle-ci, voyant un jour la supérieure gravement malade, s’empressa de rassurer ses sœurs affligées, en leur disant : « Ne craignez rien, mes chères sœurs, tant que je vivrai notre mère ne mourra pas. » Et, en effet, elle précéda la Mère Coutlée dans la tombe, comme l’avait prédit la fondatrice.

Mme d’Youville prédit encore à l’une de ses petites nièces, Clémence Gamelin-Maugras de Labroquerie, qu’elle mourrait chez les Sœurs Grises, et à l’un des cousins de celle-ci, âgé de cinq ans, qu’il serait prêtre. En effet, Jean-François Sabrevois de