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Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/316

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d’une plaie sérieuse à la main, qui s’aggrava tellement que les chairs tombaient en lambeaux et que l’amputation fut jugée nécessaire. La supérieure, avant de laisser tenter ce moyen extrême, voulut faire un dernier effort. Elle entreprit de guérir cette plaie et, à force de patience et d’intelligence, elle réussit à sauver la main de cette sœur. Elle eut le même succès avec une des pauvres de la maison, qu’elle guérit d’une affreuse brûlure et qu’elle soigna avec la tendresse d’une mère.

La prudence de la Mère Lemaire était égale à sa charité et à sa bonté, et elle en donna des preuves dans l’admission des postulantes. Loin d’accueillir celles qui se présentaient avec un empressement qui souvent est désastreux pour les sujets comme pour la communauté, elle voulait leur donner tout le temps nécessaire pour réfléchir sur une résolution aussi grave et qui doit décider de toute leur existence.

Aussi se gardait-elle de ne leur montrer que le beau côté de la vie religieuse et de leur faire croire que tout n’y est que fleurs et sourires. Elle écrivit un jour à une jeune aspirante : « C’est avec bien du plaisir et de la joie que je vous reçois pour ma postulante. Cependant, ma chère enfant, je ne dois pas vous cacher que la vie d’une personne de communauté, d’une vraie religieuse, est une vie de croix, de pénitence, de mortification, d’humiliation et de renoncement continuel à soi-même. Cette pénitence consiste à faire tous les jours de la vie la