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Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/92

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Le bien ne se fait pas, même dans le silence et l’humilité, sans exciter des jalousies et des mécontentements. Qui ne sait que toute bonne œuvre débute ainsi ? M. Normant, avec son expérience, pouvait-il l’ignorer ? Il avait déjà entendu des observations malveillantes sur la réunion de Mme d’Youville et de ses compagnes. Dans l’après-midi de leur entrée dans leur nouvelle maison, il vint leur adresser quelques mots d’encouragement et en prit occasion pour leur laisser entrevoir ces persécutions et ces souffrances qui ne leur manqueraient pas. Sa prédiction ne tarda pas à se réaliser. À peine ces pieuses femmes étaient-elles réunies qu’une violente opposition s’éleva contre leur œuvre, menaçant de la détruire si elle n’avait été soutenue par la main toute-puissante de Celui qui a dit : « Ayez confiance, j’ai vaincu le monde. »

Les parents de Mme d’Youville, qui n’avaient pas approuvé son projet de quitter le monde, s’unirent aux mécontents et ne lui épargnèrent ni les reproches ni les humiliations.

Le lendemain de son entrée dans sa nouvelle demeure, le jour de la Toussaint, comme Mme d’Youville et ses compagnes se rendaient à la messe paroissiale, des personnes grossières et méchantes les poursuivirent dans la rue, les accablèrent d’injures et leur lancèrent même des pierres. Bientôt on ne se contenta plus de les attaquer ouvertement et en pleine rue, on voulut les détruire par l’arme plus