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Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/181

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dette contractée envers des commerçants étrangers, c’est la monnaie métallique à valeur pleine. De là vient que le papier-monnaie possède exactement, pour chasser la monnaie normale, la même propriété dont jouissent les pièces trop légères ou dépréciées.

C’est ce qu’on a toujours constaté d’une manière manifeste pour les billets non convertibles. À mesure que la quantité des billets de ce genre s’accroît, ainsi qu’il arrive presque toujours, il faut exporter le numéraire métallique ; autrement la quantité en circulation deviendrait excessive. Mais, quand la plus grande partie de ce numéraire a disparu, on commence à en sentir le besoin pour faire des paiements à l’étranger, et alors la valeur du papier tombe au-dessous de celle des espèces qu’il est censé représenter. Une foule de personnes se mettent à ramasser les espèces dans l’espérance d’en tirer du bénéfice, et bientôt on ne trouve plus que du papier dans la circulation. Cette propriété de chasser les espèces, dont jouit le papier, s’est manifesté bien souvent, par exemple à l’époque des assignats pendant la Révolution française, lors de la suspension des paiements en espèces à la Banque d’Angleterre entre 1797 et 1819, et dans la dernière guerre d’Amérique. Un des exemples les plus récents et les plus frappants se rencontre en Italie où de grandes quantités de belles pièces d’or et d’argent avaient été frappées en 1862 et 1865 ; mais elles disparurent toutes très-rapidement de la circulation dès qu’on eut proclamé le cours forcé du papier-monnaie.