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Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/200

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CHAPITRE XIX

les titres de crédit

On a beaucoup obscurci la théorie de la monnaie en affirmant vaguement que le crédit peut remplacer les espèces, et qu’il nous suffit d’imprimer un nombre suffisant de billets et d’autres engagements de ce genre pour avoir un médium circulant assez abondant. On a dit que le crédit multiplie la propriété, qu’il n’est point de prodige qu’il n’accomplisse. Cependant, lorsque nous analysons la nature du crédit, nous voyons qu’il se borne à un simple délai de paiement. J’obtiens du crédit, quand j’obtiens de mon créancier qu’il consente à ne recevoir que dans un mois ce qu’il pourrait me réclamer dès aujourd’hui ; je fais crédit lorsque je permets de même à mon débiteur de différer le paiement de sa dette. Le crédit implique donc, ainsi que Locke l’a dit avec beaucoup d’exactitude, « l’attente d’une somme de monnaie pendant un certain temps limité. » Les dettes peuvent sans doute consister en une quantité déterminée d’une marchandise quelconque, par exemple, du blé, du fer, de l’huile de palme, du coton, ou tout autre article de commerce ; mais, le plus souvent, les dettes sont des dettes de monnaie légale à cours forcé.