fusil, qui avait une valeur nominale de quarante shellings environ, se donnait pour vingt peaux. C’est le terme anciennement employé par la Compagnie. Une peau de castor passe pour valoir deux shellings environ, et représente deux martres, et ainsi de suite. À Fort-Yukon on entendait sans cesse parler de peaux, attendu que c’était de cette façon qu’on évaluait les vêtements fournis aux travailleurs. »
Au second degré de civilisation, dans l’état pastoral, le gros et le petit bétail sont naturellement le genre de propriété le plus estimé et le plus facile à négocier. Les animaux changent facilement de propriétaires, se transportent eux-mêmes, et peuvent se conserver pendant plusieurs années, de sorte qu’ils remplissent sans peine quelques-unes des fonctions de la monnaie.
C’est ce que la tradition, les écrits, l’étymologie établissent par une foule de témoignages. Dans les poèmes homériques les bœufs sont mentionnés fort clairement, et à plusieurs reprises, comme le genre de marchandise servant à exprimer la valeur des autres objets. Il y est dit que les armes de Diomède valaient neuf bœufs, et elles sont comparées avec celles de Glaucos, qui en valaient cent. Le trépied, donné comme premier prix aux lutteurs dans le vingt-troisième chant de l’Illiade, était évalué à douze bœufs, et une captive habile aux travaux de son sexe, à quatre[1]. Il est d’autant plus intéressant de trouver les bœufs employés ainsi comme mesure commune de la valeur, que, d’après d’autres passages de ces mêmes poèmes, nous voyons les métaux précieux, quoiqu’ils ne soient pas encore frappés, employés pour accumuler la richesse, et, à l’occasion, comme moyen d’échange. Ainsi nous voyons clairement qu’à ces époques primitives les différentes fonctions de la monnaie étaient remplies par des marchandises différentes.
Dans plusieurs langues le nom de la monnaie est identique à celui de quelque espèce de bétail ou d’animaux do-
- ↑ Gladstone, Juventus mundi, p. 534.