Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/253

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temps des importations et des exportations, de sorte qu’il se produit ainsi directement une balance dans ses comptes. La balance restante n’a besoin que d’être payée de temps en temps lorsque l’occasion se présente : Ainsi, dans le commerce extérieur comme dans le commerce intérieur, les titres de crédit servent à réduire considérablement l’usage de la monnaie. C’est seulement lorsqu’il y a une rupture d’équilibre dans la balance du commerce, et que l’un des pays a contracté un excédant de dettes considérable, que le transport des espèces devient nécessaire.

Je m’écarterais de mon sujet si je prétendais, dans ce petit traité, entrer dans toutes les complications des échanges avec l’étranger : Ce sujet a été admirablement traité par M. Goschen dans son livre intitulé : « Theory of the Foreign Exchanges. » Le principe général est que les lettres de change tirées sur une place particulière constituent une marchandise d’un genre nouveau, sujette aux lois de l’offre et de la demande. Toute circonstance qui diminue l’offre ou accroît la demande élève le prix de ces lettres, et vice versa. Le prix s’étant élevé, il y a un profit additionnel sur toute transaction qui permet de tirer une nouvelle quantité de lettres. L’exportation d’une marchandise quelconque en quantités plus considérables tend à rétablir la balance ; mais, s’il le faut, on peut envoyer, moyennant une certaine dépense, des espèces ou des lingots, et tirer des lettres contre ces valeurs. Ainsi le prix de transport des espèces est la limite que ne franchit pas la prime des lettres de change. L’or et l’argent, partout considérés comme des matières précieuses, et qui sont aussi très-faciles à transporter, forment, ainsi que nous l’avons remarqué au début, la circulation naturelle d’une nation à l’autre. Si un pays était absolument dépourvu d’espèces et avait des dettes extérieures à payer, l’exportation forcée et la vente des marchandises qui sont après ces métaux les plus généralement désirées et les plus portatives, seraient sa seule ressource ; la prime sur les billets pourrait alors varier presque à tous les degrés à partir du pair. On voit donc qu’au point de vue économique il y a, entre l’or ou l’argent et les autres marchandises, une différence non pas de genre, mais de degré.