Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/260

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la concurrence entre les banquiers.

Il y a donc une tendance manifeste à pratiquer un commerce de plus en plus considérable avec une quantité de monnaie métallique qui est loin de s’accroître dans la même proportion. Le système des banques devient aussi de plus en plus parfait, en ce sens qu’il emploie moins de monnaie. La concurrence d’une foule de grandes banques les conduit à opérer le plus grand nombre possible d’affaires avec les réserves les plus faibles qu’elles osent conserver. Quelques-unes de ces banques donnent des dividendes de 20 à 25 pour cent, ce qui n’est possible que parce qu’elles emploient de la manière la plus hardie des dépôts considérables. Les réserves même consistent moins en monnaies réelles ou en banknotes déposées dans leurs caves qu’en argent employé à la Bourse de manière à pouvoir être retiré sur-le-champ, ou déposé a la Banque d’Angleterre, qui elle-même prête ces dépôts dans une certaine mesure.

Plus le commerce se développera, et plus les demandes d’or pour faire des paiements à l’étranger seront considérables dans certaines occasions ; mais si l’approvisionnement d’or conservé à Londres devient relativement de plus en plus petit, la difficulté qu’on trouvera parfois à faire face aux demandes sera de plus en plus grande. Voilà, je crois, tout le secret de l’instabilité et de la sensibilité croissante du marché monétaire britannique. La demande de l’or augmente tous les jours, et cependant l’or destiné à la satisfaire devient relativement moins abondant ; aussi en résulte-t-il de temps en temps une difficulté trop naturelle à répondre aux demandes ; alors il faut élever brusquement le taux de l’intérêt pour décider ceux qui ont de l’or à le prêter, ou pour amener ceux qui en demandaient à renoncer pendant quelque temps à leurs demandes : ce qui n’empêche pas une foule de gens d’attribuer tous ces troubles, soit aux personnages si souvent calomniés qui se réunissent chaque semaine dans la salle des délibérations de la Banque d’Angleterre, soit à sir Robert Peel, qui n’a permis à la Banque d’émettre ses billets que d’après le système du dépôt partiel que nous avons décrit ci-dessus (chap. XVIII, p. 181).