Aller au contenu

Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sions anciennes, est traduit par des mots ayant le sens d’agneau. On pourrait voir là une preuve nouvelle de l’emploi primitif du bétail comme moyen d’échange ; mais mon savant ami, le professeur Théodores, m’apprend que cette traduction vient probablement d’une méprise accidentelle, et que le mot kesitah signifiait à l’origine « un poids déterminé, » ou bien « une quantité précise. » Le mot correspondant en arabe, kist, désigne, dit-on, une balance.

La monnaie est encore pesée, et non comptée, dans une partie considérable de la race humaine. Dans l’empire birman, par exemple, trois métaux ont cours simultanément, savoir le plomb, l’argent et l’or ; et tous les paiements se font au poids, l’unité de poids pour l’argent étant le tical. Dans l’empire Chinois et la Cochinchine, il y a sans doute une monnaie de cash ou sapèques avec cours forcé ; mais l’or et l’argent sont communément soumis à des pesées ou le taël sert d’unité. Un travail très-intéressant sur la monnaie chinoise, de M. le comte de Rochechouart, se trouve dans le Journal des économistes, année 1869 (Vol. XV, p. 103). Suivant cet écrivain l’or et l’argent sont traités comme de simples marchandises, et il n’y a pas même de marque reconnue, ou de garantie donnée par le gouvernement pour la pureté du métal. Le voyageur peut porter ces métaux avec lui, attendu qu’il faudrait une voiture pour transporter une quantité suffisante de cash. Toutefois, en échangeant son or et son argent, il est sûr d’éprouver de grandes pertes, d’abord à cause de la fausseté des balances et des poids, et ensuite à cause de l’incertitude sur le degré de pureté du métal. Pour acheter un taël d’or le voyageur devra peut-être donner dix-huit taëls d’argent ; mais en le revendant il n’obtiendra peut-être pas plus de quatorze taëls. Quels qu’en soient les inconvénients, la monnaie pesée est encore le système naturel et nécessaire auquel on revient lorsque l’usure des pièces, la confusion des monnaies diverses, la chute d’un état, ou d’autres causes détruisent la confiance que le public avait dans un système d’une organisation plus élevée. Chez les Anglo-Saxons, quoique le penny d’argent fût censé correspondre au pennyweight, on avait coutume de donner compensatio ad pensum qui revenait en