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ISÈRE.

Monteynard créaient de puissantes maisons, et on voyait se constituer, au onzième siècle, les cinq baronnies de Clermont, de Sassenage, de la Tour, de Montauban et de Meuillon. Chaque seigneur voulut avoir sa ville et alors furent fondées les villes nouvelles de la Tour-du-Pin, de Bourgoin, la Côte-Saint-André, Voiron, Voreppe, Saint-Marcellin. Pendant que tous ces seigneurs guerroyaient entre eux, un prêtre, Bruno, appelé par le grand évêque de Grenoble, saint Hugues, s’enfonçait dans les montagnes avec six religieux (1084) et s’établissait dans un site sauvage pour s’y consacrer au travail et à la prière : ce fut l’origine du monastère de la Grande-Chartreuse, huit fois brûlé, toujours reconstruit, et encore célèbre aujourd’hui.

Parmi les nouveaux maîtres de l’ancienne province viennoise, les comtes d’Albon ou de Graisivaudan ne tardèrent pas à prendre le premier rang, et l’un d’eux, Guigues IV, ayant placé dans ses armoiries le signe original d’un dauphin, on donna à ces comtes le nom de Dauphins de Viennois. À deux reprises différentes, à la fin du douzième et du treizième siècle, la dynastie des dauphins faillit s’éteindre, mais elle se ranima en se greffant sur des branches étrangères. L’héritière de Guigues VII, Anne, ayant épousé Humbert, l’héritier de la baronnie de la Tour-du-Pin, les deux maisons les plus puissantes du pays n’en formèrent plus qu’une. Humbert devint la tige de la troisième dynastie qui étendit son autorité en Savoie, dans les Hautes-Alpes et dans la vallée inférieure du Rhône. Bien que la dépendance féodale eût été rejetée par les fiers seigneurs du pays, presque tous se virent obligés de reconnaître le pouvoir souverain des dauphins. Ceux-ci, à leur tour, longtemps indépendants, se virent amenés à rendre hommage au roi de France.

En 1319, Guigues VIII épousa la fille du roi de France, Philippe le Long ; il alla même guerroyer en Flandre, dans l’armée de Philippe et prit part à la bataille de Cassel. Philippe de Valois ne tarda pas à convoiter la riche seigneurie des dauphins et sut profiter du caractère inquiet de Humbert II pour le décider à signer un traité qui, moyennant