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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/27

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chambre élevée à laquelle on monte par des gradins naturels ; c’est une espèce de salon dont le plafond est plat et uni, et où les habitants de Bonifacio font souvent de joyeux repas. Bien que la Dragonale soit moins célèbre que la grotte d’azur de Capri, ses beautés ne le cèdent en rien à celles de sa rivale.

Citons encore, parmi les curiosités naturelles de la Corse : le défilé (scala) de Santa Regina ; les gorges de Vizzavona et d’Evisa ; les prairies du Coscione, et la pittoresque montagne de Cagna.



VI. — Histoire.


La Corse, placée au centre de la Méditerranée, dans une situation qui commande à la fois le nord de l’Afrique, l’Espagne, l’Italie et la Gaule, a été, de même que la Sardaigne et la Sicile, un objet de convoitise pour tous les peuples qui se sont disputé l’empire de la mer. Il est difficile d’établir l’histoire de ses premiers âges, car les renseignements fournis à ce sujet par les géographes grecs ou latins sont incomplets, souvent même contradictoires. Diodore de Sicile représente l’île comme couverte de forêts et vante l’équité de ses habitants. Strabon, au contraire, en parle comme d’un pays âpre et mal peuplé : à l’entendre, les montagnards qui y demeuraient ne vivaient que de brigandages et étaient plus sauvages que les bêtes mêmes. Exagération évidente, de même que l’affreux tableau que trace de la Corse le philosophe Sénèque, qui y fut exilé en 41 après J.-C, et qui y resta huit ans : « Quoi de plus nu que ce rocher ? dit-il dans ses lettres à l’affranchi Polybe, ministre de Claude ; où l’homme a-t-il plus à souffrir ? Cette terre ne porte ni arbres fruitiers, ni arbres d’agrément, et peut à peine nourrir ceux qui la cultivent.

Les Phéniciens, peuple navigateur, établirent des stations en Corse, et refoulèrent les habitants dans l’intérieur. Hérodote raconte qu’une colonie phocéenne fonda la ville