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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/31

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coltées dans l’île, afin que les négociants génois pussent les acheter à bas prix ; en retour, les Corses étaient forcés de se procurer tout ce qui leur était nécessaire, même le sel, auprès des Génois, qui, de plus, s’étaient exclusivement réservés tous les emplois lucratifs.

Le mécontentement était général, mais les Corses gardaient le silence, lorsqu’un événement imprévu fit éclater les sentiments qui couvaient. En octobre 1729, un paysan de Bozio, indigné des exigences du fisc, appela les autres paysans à la révolte. L’insurrection gagne rapidement les villages voisins ; bientôt toute la Corse est soulevée. Le 20 décembre 1730, la nation corse envoie 10 000 représentants à une assemblée générale tenue dans la plaine de Biguglia. Dans une autre assemblée (consulta) tenue à Corte (4 février 1751), il fut décidé que tout citoyen, capable de porter les armes, serait soldat, et qu’une taxe de vingt et un sous par feu serait prélevée pour les frais de la guerre. Les curés des villages se déclarèrent aussi partisans de la révolte.

Les insurgés s’emparèrent de Saint-Florent (15 avril 1731) et de Bastia-Terravecchia (13 juin). Les Génois envoyèrent alors en Corse 8000 Allemands. Ceux-ci dégagèrent Bastia, mais il furent en partie détruits dans un engagement près de Calenzana (janvier 1732). Toutefois l’arrivée de nouveaux renforts ennemis obligea les Corses à capituler. En 1735, nouvelle insurrection.

Dans une consulte tenue à Orezza, le peuple corse nomma trois chefs : André Ceccaldi, Louis Giaffierri et Hyacinthe Paoli. Mais on manquait d’argent. Tout à coup, un aventurier du nom de Théodore de Neuhoff débarqua à Aleria sur un navire chargé d’armes, de munitions. Il fut accueilli comme un libérateur et proclamé roi, sous le nom de Théodore Ier. Mais ses rêves dépassaient ses moyens ; il quitta bientôt l’île pour aller quérir de nouveaux secours (1737) ; il ne fit qu’une courte réapparition en 1743, et alla mourir à Londres, en 1756.

Cependant, comme le mouvement insurrectionnel devenait de plus en plus inquiétant, le Sénat de Gênes demanda le se-