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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/8

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La superficie totale de la Corse est de 874,741 hectares. Cinq départements seulement ont une étendue plus considérable : ce sont ceux de la Gironde, des Landes, de la Dordogne, de l’Aveyron et de la Côte-d’Or. C’est la plus grande île de la Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne et l’île de Crète. Elle a la forme d’une ellipse irrégulière dont le grand axe est dirigé du nord au sud. Sa plus grande longueur, — de l’extrémité du Cap Corse aux Bouches de Bonifacio, — est de 182 kilomètres 885 mètres ; sa plus grande largeur, — du cap Rosso, près de la Piana, à l’ouest, à la Tour du Bravone, à l’est, — est de 84 kilomètres. Son pourtour, très-sinueux, très-découpé sur la côte occidentale et méridionale, plus régulier sur la côte orientale, est d’environ 480 à 490 kilomètres.


II. — Physionomie générale.


« Vue à distance, la Corse est un récif aride et désolé. Ses hautes crêtes n’ont pas en été la réverbération éblouissante des glaciers des Alpes ; des plaines de neige ne couvrent pas d’un voile de gaze blanche l’aspérité de ses rudes contours. Ce sont des murailles effrayantes, taillées à pic ; nulle trace de végétation, nulle verdure. C’est à peine si les forêts, qui s’échelonnent le long de ses flancs décharnés, produisent l’effet de petites taches noires, à côté des reflets lumineux des granits. Les maquis, avec leur flore aux teintes sombres, ne sont à distance qu’une toison rase qui recouvre le dos des collines. Mais dès que l’on a fait quelques pas sur cette terre étrange, dès que l’on a franchi les premiers contre-forts de ses montagnes, on est étonné du contraste qui existe entre l’aspect verdoyant de l’intérieur de l’île et l’aridité qui règne sur ses côtes. Ici les sapins et les laryx représentent la flore septentrionale ; plus loin, des noyers et des châtaigniers couvrent de leur ombre épaisse le cours accidenté d’un petit torrent, et transportent le voyageur dans un coin de l’Auvergne ou du Dauphiné, tandis que les oliviers, les orangers, les citronniers et les figuiers d’Inde, étages au soleil, rappellent