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COURS D'EAU.

Ce beau fleuve ne naît point en France ; il a sa source en Suisse, dans le canton du Valais, au pied de montagnes qui ont de 3,000 à 3,600 mètres d’altitude et qui portent d’immenses glaciers. Il sort avec une grande abondance, à 1,735 mètres au-dessus de la mer, de l’extrémité inférieure de celui de ces glaciers auquel il a donné son nom, et descend dans la vallée du Valais, où il reçoit les eaux de 103,727 hectares de glaciers, se jette dans le lac Léman à 375 mètres et en sort à Genève même, rapide comme une flèche et d’une couleur bleue particulière, dont la science n’a pas encore pu découvrir la cause. Au-dessous de Genève, il reçoit l’Arve, qui lui apporte toutes les eaux de la chaîne du Mont-Blanc et de la vallée de Sixt, puis il entre en France, département de l’Ain (rive droite), par 340 mètres d’altitude, un peu au-dessus de Collonges.

Le Rhône ne traverse en France aucun département, mais il en longe onze, qu’il sépare les uns des autres : cinq bordent sa rive droite, l’Ain, le Rhône, la Loire, l’Ardèche, le Gard ; six, sa rive gauche, la Haute-Savoie, la Savoie, l’Isère, la Drôme, Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Il s’ouvre d’abord un étroit passage entre le Jura (le Credo) et les montagnes calcaires de la Savoie (le mont Vuache) : au fort de l’Écluse, à la Perte du Rhône (le fleuve aujourd’hui n’y disparaît plus sous les rochers de son lit depuis que les ingénieurs les ont fait sauter), à Malpertuis, et sur d’autres points, il est tellement resserré qu’il se réduit aux proportions d’un petit torrent ; à Malpertuis, par exemple, sa largeur ne dépasse pas 6 mètres ; mais, à peine a-t -il quitté ces défilés, creusés par ses eaux, qu’il s’élargit dans une vallée qu’il ronge sans cesse, et où il change constamment de lit. En deçà de Lyon, il coule en moyenne à l’ouest-sud-ouest ; à Lyon, où il se grossit de la Saône, il tourne droit au sud et garde cette direction jusqu’à la mer. De Lyon à la Méditerranée, il baigne Vienne, Valence, Avignon, Arles, et reçoit l’Isère et la Durance. Un peu en amont d’Arles, il se divise en deux branches, le Grand-Rhône et le Petit-Rhône, qui enferment entre elles 75 000 hectares d’étangs, de levées, de