Page:Joanne-Géographie du département de la Savoie,1901.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
SAVOIE.

catéchisèrent les vallées de ce pays. Parmi les peuples barbares qui s’établirent dans la Gaule, les Burgondes se distinguaient par leur caractère pacifique, industrieux. Au lieu de se disperser et de courir les aventures, ils se glissèrent de la vallée du Rhin dans celle de la Saône, de celle de la Saône dans la vallée du Rhône et ne s’arrêtèrent que devant les gorges difficiles, les cimes escarpées de la Savoie. Ils s’étendirent donc jusqu’au cœur de ce pays, qui fut compris dans leur royaume. À cette époque, Chambéry prit le nom de Camera regis (Chambre du roi), d’où plus tard on fit Cameriacum, Camberiacum. Quoique Ariens, les Burgondes avaient respecté le clergé catholique ; mais bientôt ils éprouvèrent la puissance des Francs. Clovis soumit Gondebaud à un tribut, et ses fils conquirent définitivement le royaume des Burgondes sur Sigismond, puis sur Gondemar (524-534). La Savoie se trouva ainsi rattachée de bonne heure au royaume des Francs, dont elle devait plus tard être séparée, mais auquel, selon la loi naturelle, elle tendit toujours à revenir.

Malgré leurs forteresses naturelles, les habitants de la Savoie eurent à souffrir des incursions des Sarrasins, qui dévastaient la vallée du Rhône et les vallées latérales : ils en furent délivrés par Charles-Martel, Pépin le Bref et Charlemagne. Pépin le Bref et Charlemagne traversèrent plusieurs fois la Savoie pour s’acheminer, par les passages alors presque impraticables des Alpes, vers l’Italie où ils allaient combattre les Lombards. Charles le Chauve qui, à peine maître de la Gaule, se vit obligé d’abandonner son pouvoir et ses terres aux ducs et aux comtes, voulut néanmoins se rendre en Italie pour y chercher la couronne impériale. Il mourut en 877, au retour, dans une misérable cabane du village d’Avrieux, près de Modane.

Le démembrement de l’empire de Charlemagne avait été funeste à la Savoie, car il l’avait détachée de la Gaule et réunie à la part de Lothaire, la Lotharingie. Les pays distraits, à cette époque, de leur région naturelle et ne pouvant par eux-mêmes constituer un état, furent pendant des siècles disputés