Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/189

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se presse,
Par la crainte estraint.

Telle est la nature
Des serfs déconfits ;
Tant de mal n’endure
De Japet le fils.

OCTAVIEN.
L’ample thresor, l’ancienne richesse
Que vous nommez, tesmoigne la hautesse
De vostre race ; et n’estoit le bon heur
D’estre du tout en la terre le seigneur,
Je me plaindrois qu’il faudra que soudain
Ces biens royaux changent ainsi de main.

SELEUQUE.
Comment, Cesar, si l’humble petitesse
Ose addresser sa voix à ta hautesse,
Comment peux-tu ce thresor estimer,
Que ma Princesse a voulu te nommer ?
Cuides tu bien, si accuser je l’ose,
Que son thresor tienne si peu de chose ?
La moindre Roine à ta loy flechissante
Est en thresor autant riche et puissante,
Qui autant peu ma Cleopatre égale,
Que par les champs une case rurale
Au fier chasteau ne peult estre esgalee,
Ou bien la motte à la roche gelee.
Celle sous qui tout l’Égypte flechit,
Et qui du Nil l’eau fertile franchit,
A qui le Juif et le Phenicien,
L’Arabian et le Cilicien,
Avant ton foudre ore tombé sur nous,
Souloyent courber les hommagers genoux,
Qui aux thresors d’Antoine commandoit,
Qui tout en ce monde en pompes excedoit,
Ne pourroit elle avoir que ce