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Page:Jodelle - Les Amours et Autres Poésies, éd. Van Bever, 1907.djvu/74

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Mais ma playe, et poincture, et le Nœu qui me serre,
Est plus verte, et poignante, et plus estroit encore
Que n’est le verd laurier, ny le hous, ny le lierre.

XV

Jusqu’aux autels je n’iray seulement
Me présenter victime au sacrifice,
Plus outre encor pour vous faire service
J’iray, Madame, affectionnément.

Je suis à vous dédié tellement,
Que je ne crains gesne, mort, ou supplice :
Ce m’est assez, mais qu’en mourant je puisse
Vous apporter quelque contentement.

Long temps y a que je porte, Madame,
(Vous le sçavez) ce désir en mon ame,
A tout le moins vous le devez sçavoir.

Je suis tousjours en ceste mesme envie,
Et si ne puis autre vouloir avoir
Que d’employer en vous servant ma vie.

XVI

QUE n’ay-je mes esprits un peu plus endormis,
Mon cerveau plus pesant, et l’ame plus grossiere,
Pour ne sentir si fort une douleur meurtriere.
Qui fait que sans repos languissant je gémis.