étendu sur l’herbe, paraissait fort peu disposé à la promenade matinale que je désirais lui faire faire ; je le réveillai donc et l’attachai seul au traîneau. Je ne voulus pas prendre la vache, qui devait donner son lait pour le déjeuner. Les chiens me suivirent d’eux-mêmes vers le rivage. J’y retrouvai avec plaisir mon radeau et mon embarcation ; la marée les avait soulevés, mais sans pouvoir les arracher de leurs amarres. Après avoir chargé le traîneau, je revins à Falkenhorst. Je fus assez étonné de ne voir aucun des miens debout, quoique le soleil brillât déjà de tout son éclat. Je fis du bruit, je poussai des cris retentissants. Enfin ma femme, toute surprise et confuse en voyant le jour si avancé, me dit :
« C’est ton bon matelas qui m’a fait dormir plus longtemps qu’à l’ordinaire, et je sais que les enfants se trouvent très-bien sur les leurs. Vois comme ils ont peine à ouvrir les yeux ! Ils bâillent, ils étendent les bras, et paraissent décidés à dormir encore.
— Allons ! allons ! m’écriai-je, levez-vous, sautez vite et gaiement à bas de vos lits ; point de paresse ! »
Fritz fut le premier prêt ; Ernest le dernier.
« Comment, Ernest, lui dis-je, tu n’es pas honteux de voir le petit François levé avant toi !
ernest. — Il est si doux de se rendormir après avoir été réveillé ! Je voudrais vraiment que l’on me réveillât ainsi tous les matins pour sentir le sommeil revenir petit à petit.
moi. — Tu connais bien, et trop bien même, les raffinements de la paresse. Prends garde de te laisser aller à de funestes habitudes. Quand on préfère ses aises, on tombe vite dans l’apathie. »
Nous descendîmes tous de l’arbre, et nous retournâmes au rivage. En deux voyages, tout ce qui restait fut transporté à la maison. Pour me rendre au navire dans l’après-midi, je ne gardai avec moi que Fritz et Jack ; le vent, qui nous avait d’abord été favorable, devint tout à coup contraire, et