montré une grande quantité de grives et d’ortolans pris aux pièges par elle et soigneusement placés dans du beurre, elle me mena à l’endroit où se trouvaient nos plants d’arbres fruitiers, que je plantai sans perdre de temps. Nous partîmes tous pour la baie des Calebassiers, où nous voulions faire une grande provision d’ustensiles de cuisine. L’âne fut attelé à son traîneau ; Turc fut revêtu de sa cotte d’armes garnie de pointes de porc-épic ; Bill portait le singe Knips sur son dos. Ensuite marchaient mes trois fils aînés, puis ma femme et François ; je me tenais auprès d’eux avec mon fusil à deux coups, une balle dans l’un des canons, de la cendrée dans l’autre.
Fritz, désireux de s’illustrer par quelque exploit de chasseur, ne tarda pas à s’éloigner un peu, avec Turc, du côté des hautes herbes que nous avions à notre droite ; il venait de disparaître à nos yeux, quand nous vîmes s’élever en l’air un oiseau énorme ; un coup de fusil partit, et l’oiseau tomba.
C’était Fritz qui l’avait atteint sans le tuer ; car l’oiseau se sauva avec une vitesse incroyable, non pas en volant, mais en marchant. Fritz courut à sa poursuite avec Turc. Bill, animé par les cris de mon fils et les aboiements du chien, voulut être de la partie et se débarrassa du singe. Nos deux dogues arrêtèrent le fuyard, non sans recevoir de lui de violents coups d’ailes et de pattes, qui les auraient forcés à lâcher prise, si je n’étais accouru à leur aide : je reconnus une grosse outarde femelle. Au lieu de la tuer, je pensai à la prendre vivante pour notre basse-cour ; épiant donc un moment favorable, je m’approchai d’elle et lui enveloppai la tête avec mon mouchoir. Alors il ne fut pas très-difficile de lui lier solidement les ailes avec une ficelle : nous rejoignîmes les nôtres avec ce gibier.
Jack trouvait l’oiseau très-grand et très-beau. Ernest l’eut à peine vu qu’il dit gravement :
« Je déclare que c’est une oie-outarde, oiseau dont la